Art, technologies médicales, droit et éthique

L’Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN) vient de faire un rappel à la loi à propos du projet Jeux de mains de Marc Ferrante que j’ai chroniqué dans ce blog. Voir plus bas le courrier électronique que j’ai reçu de l’artiste.

Ce « rappel à la loi » soulève des questions fondamentales quant à la création et la recherche artistiques utilisant des techniques d’imagerie médicale (largement nucléaires) alors même que c’est reconnu « sans danger ». L’ASN rappelle que le Code de la santé publique interdit l’utilisation des rayonnements ionisants « à des fins autres que le diagnostic, le traitement ou la recherche ». Il n’est donc pas imaginé que la recherche puisse être artistique ou même en sciences humaines …

Et, quid si on utilise « à des fins artistiques » des images réalisées lors de diagnostics ou de traitements ou … de recherches médicales et scientifiques …  Voilà donc du grain à moudre pour les juristes et les spécialistes de l’éthique. Ce qui m’évoque, évidemment, le projet Trust me, I’m an Artist, d’Anna Dumitriu.

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email de Marc Ferrante reçu le 27 mai 2013

Le jeudi 23 mai 2013 l’AFP a publié la dépêche qui suit :

L’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) a rappelé jeudi que la loi interdit toute utilisation de rayons X ou d’autres formes de radioactivité sur le corps humain à des fins artistiques, ces rayonnements devant être réservés à des diagnostics ou traitements médicaux.

Ce surprenant rappel à la loi fait suite à une exposition intitulée « Jeux de mains… », de l’artiste plasticien strasbourgeois Marc Ferrante, qui a rassemblé une centaine de clichés radiographiques de mains humaines dans des lieux d’exposition situés à Strasbourg (…)

« Bien que les doses reçues par les volontaires ne soient pas de nature à avoir un impact sanitaire significatif, elles ne doivent en aucun cas être administrées sans justification médicale », souligne l’ASN, qui rappelle que le Code de la santé publique interdit l’utilisation des rayonnements ionisants « à des fins autres que le diagnostic, le traitement ou la recherche ».

L’artiste, Marc Ferrante, a confié à l’AFP  « comprendre » la démarche de l’ASN (…). “Ce travail avait pour but d’explorer les liens – très anciens – entre la photographie et les radiographies. Le physicien allemand Wilhelm Röntgen, père des rayons X,  « n’aurait jamais inventé la radiographie s’il n’avait pas été photographe », souligne Marc Ferrante.

AFP (Dépêche complète sur le site de La Croix, du Parisien)

Ces radiographies sont actuellement exposées au Muséum-Aquarium de Nancy au RDC (exposition individuelle jusqu’au 2 juin) et au 1er étage dans le cadre de l’exposition collective sur l’imagerie scientifique « corps en images » (jusqu’au 05 janvier 2014).

Communiqué de presse de jeux de mains

L’imagerie médicale véhicule les espoirs et les fantasmes de notre société parce qu’elle reflète les dernières innovations scientifiques et technologiques tout en nous renvoyant à notre condition et à notre fragilité. Ainsi la radiographie reste le théâtre des pathologies, des symptômes et des croyances de notre époque car elle est non seulement une découverte scientifique, mais aussi une invention culturelle.

Aussi, afin de porter une regard différent sur ce medium, j’ai confronté la radiographie à son histoire et à celle des autres arts contemporains de son invention (photo, cinéma, arts de la scène…) en mélangeant technologies récentes et vieux tours de passe-passe. Chacune de ces radiographies m’a ainsi permis d’investir ce medium de préoccupations sculpturales, poétiques ou historiques et de réfléchir sur les statuts de différents types de représentation et de leurs rapports au réel…  M. Ferrante

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