« Trust Me: I’am an Artist » avec Art Orienté Objet le 31 mai à Paris

Je participe à  l’organisation de la rencontre « Trust Me, I’m an Artist: Towards an Ethics of Art and Science Collaboration », projet initié par l’artiste britannique Anna Dumitriu,  qui se tient le jeudi 31 mai à partir de 18h30, Salle des Actes, à  l’Ecole Normale Supérieure, 45 rue d’Ulm à Paris.

L’entrée est libre dans la limite des places disponibles. S’inscrire en m’envoyant un courriel à info [at]olats.org

Après Adam Zaretsky à Amsterdam, Neal White à Londres et Anna Dumitriu à Dublin, c’est au tour d’Art Orienté Objet (Marion Laval-Jeantet & Benoît Mangin) de soumettre, devant un public, leur nouveau projet “Du cheval au panda…” à un comité d’éthique spécialement formé et réuni à Paris selon les régles et procédures en vigueur.

“Trust Me, I’m an Artist: Towards an Ethics of Art and Science Collaboration”

“Trust Me, I’m an Artist: Towards an Ethics of Art and Science Collaboration” est un projet international qui porte sur les nouvelles questions éthiques que soulèvent les projets art/science. Lors de la prochaine rencontre qui se tiendra à Paris le jeudi 31 mai 2012 à 18h30 à l’Ecole normale supérieure, le duo Art Orienté objet soumettra un nouveau projet de création intitulé “Du cheval au panda…” à un panel d’experts qui prendront en considération et débattront des questions morales et légales que ce projet soulève ainsi que des responsabilités et du rôle des artistes, des scientifiques et des institutions concernés.

Le duo français Art Orienté objet construit une oeuvre depuis 1991 autour des questions écologiques et des relations inter-espèces, qui interroge les outils de la science et de la connaissance.

Lors de chaque rencontre “Trust me, I’m an artist” un artiste connu internationalement soumet, devant un public, une oeuvre à un comité d’éthique spécialement réuni suivant les régles et les procèdures en vigueur dans le pays. Le comité d’éthique discute la proposition et prend une décision. L’artiste est alors informé de la décision du comité d’éthique. Il s’ensuit un débat auquel le public peut participer.

Le but est de mettre en évidence les mécanismes régissant le processus (qui n’est généralement pas public) derrière les décisions de recherches scientifiques, et de permettre à un plus large public d’appréhender les règles derrière les processus de décision en matière d’éthique ainsi que le rôle des artites travaillant dans des environnements scientifiques.

Le projet “Trust Me I’m an Artist: Towards an Ethics of Art/Science Collaboration” est conduit par l’artiste Anna Dumitriu en collaboration avec le Professeur Bobbie Farsides (Chair of Ethics, Brighton and Sussex Medical School) et en collaboration avec the Waag Society et l’Université de Leiden.

Du cheval au panda…

La performance Que le cheval vive en moi est une expérience médicale extrême de fraternisation par le sang au-delà de la barrière des espèces, par laquelle le duo français Art Orienté objet appelle à une plus grande responsabilité écologique de la part des humains, dont les technologies instrumentalisent sans fin l’Autre, animal et végétal. Pour l’accomplir, l’artiste Marion Laval-Jeantet s’est transformée en animal de laboratoire, se faisant injecter pendant plusieurs mois des immunoglobulines de cheval (vecteurs de l’information immunitaire) afin de développer une tolérance progressive à ces micro-organismes étrangers. Le 22 février 2011, à la fin de cette mithridatisation, elle s’est fait injecter du plasma de sang de cheval contenant tout un spectre d’immunoglobulines équines sans subir de choc anaphylactique. L’idée étant que les immunoglobulines de cheval dépassent sa propre barrière immunitaire, entrent dans son système sanguin pour se croiser avec les protéines de son corps et, comme résultat de cette synthèse, entraînent une myriade d’effets propres au cheval sur ses fonctions corporelles. Les immunoglobulines sont des messagers corporels qui informent entre autres les glandes endocrines, très influentes sur le système nerveux, si bien que pendant les semaines qui ont suivi l’expérience  l’artiste a subi des changements notables de son rythme biologique, mais aussi de sa conscience, caractérisés par une sensibilité et une nervosité à fleur de peau. Après la transfusion, un rituel de communication, facilité par l’éthologue Sabine Rouas, s’est joué entre l’artiste, montée sur des prothèses spécifiquement fabriquées pour l’occasion, et le cheval. Après quoi son sang hybride a été prélevé et lyophilisé. Cette action risquée évoque la possibilité envisagée par la science actuelle d’utiliser des immunoglobulines animales comme « booster » thérapeutique contre les maladies immunitaires, et alors, comme le souligne l’artiste : « l’animal serait le futur de l’homme ». En tant qu’expérience radicale dont les effets à long terme sont imprévisibles, Que le cheval vive en moi interroge l’attitude anthropocentrique inhérente à notre compréhension technologique du monde. Au lieu de chercher à atteindre avec cette performance une impossible homéostasie, un état d’équilibre physiologique, l’artiste cherche à initier un état de transistasie, dans lequel le corps est compris comme en perpétuelles évolution et adaptation. De fait, la performance est une continuation du mythe du centaure, l’hybride homme-animal, qui en tant “qu’animal dans l’homme” représente l’antithèse du cavalier, l’homme qui a réussi à dominer l’animal.

Le duo souhaiterait, en raison de la valeur hautement symbolique de l’animal, réitérer cette performance, cette fois avec le panda, dans une performance qu’il nommerait « Que le panda vive en moi ». C’est pour ce projet qu’il se présente devant le comité d’éthique.

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