« Absynth », HeHe (Helen Evans, Heiko Hansen), Jean-Marc Chomaz, Jean Philippe Renoult, Dinah Bird, 2018

"Absynth", HeHe (Helen Evans & Heiko Hansen) - Jean-Marc Chomaz - son Jean Philippe Renoult & Dinah Bird, 2018

« Absynth », HeHe (Helen Evans & Heiko Hansen) – Jean-Marc Chomaz – son Jean Philippe Renoult & Dinah Bird, 2018

Parc de La Villette un samedi après-midi de presque printemps : une foule joyeuse s’égaie sur les pelouses. Le WIP présente Absynth de HeHe, Jean-Marc Chomaz avec une création sonore de Jean Philippe Renoult et Dinah Bird dans le cadre de la Biennale d’arts numériques Nemo 2018.

Avant même de voir l’installation, ce qui saisi, passé le sas de l’entrée, c’est l’odeur. L’odeur des sapins. Mélange de l’odeur de la forêt dans laquelle on joue à s’égarer et de celle du salon, à Noël, quand l’épicéa commence à perdre ses aiguilles.

Puis on voit. Une forêt miniature. Des petits sapins, dont certains atteignent malgré tout une taille honorable, serrés les uns contre les autres, forment une forêt dense, obscure dans l’obscurité. Une forêt de conte de fées où peuvent se cacher toute sorte de créatures réelles et imaginaires. Les sapins sont d’un joli vert, vert sapin ma foi. C’est beau, apaisant. Mais subtilement le vert devient plus vert, plus brillant, jusqu’à être un vert acide, quasiment fluo. Un oiseau chante.

Cette forêt là est toxique. On pense inévitablement à Tchernobyl.

La pluie qui se met à tomber ne lave rien, ne purifie rien, pluie acide, pluie chimique, pluie toxique. Elle brille, artificielle, scintille comme autant de gouttes de poison.

Au-dessus des arbres, de puissantes lumières s’allument, ressemblant aux feux de positions d’un vaisseau extra terrestre, de la fumée s’insinue dans l’air, les gouttes de pluie semblent s’écouler à l’envers, remontant contre la gravité. Un oiseau chante.

Absynth se présente comme un diorama. Les dioramas, qu’ils fussent statiques ou animés dans une mini représentation théâtralisée comme celui-ci, connurent leur heure de gloire au 19ème siècle et au début du 20ème, notamment dans les musées d’histoire naturelle. Ils avaient pour vocation de présenter la nature et les êtres qui la peuplent « tels qu’ils étaient », notamment ces environnements lointains et exotiques auxquels le public n’avait pas accès. Absynth, à cet égard, s’inscrit bien dans la tradition des dioramas : la réalité de sa forêt est déjà là. Il pleut du poison et le dernier oiseau chante.

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