Des fourmis et des bonsaïs, « Trust Me, I’m an Artist », journal de bord n°11

Leonardo/Olats est partenaire du projet européen Trust Me, I’m An Artist. Dans ce cadre, je tiens un « Journal de Bord » avec des compte-rendus des réunions et des rencontres, mais aussi mes réflexions, lectures et interrogations.

* Des fourmis et des bonsaïs (mardi 26 janvier 2016)

Une vidéo virale sur Facebook aujourd’hui.

Elle montre des bonsaïs flottants et tournoyants au dessus d’un socle, comme en lévitation. Présenté comme une innovation empreinte de poésie et propice à la méditation et la paix intérieure, le projet est en appel à financement participatif.

air-bonsai

Les commentaires sont enthousiastes et émerveillés. Personne, du moins dans ce que j’ai lu, ne souligne la brutalité du procédé. Outre le fait qu’il s’agit banalement d’une technique d’aimants et que les bonsaïs sont déjà des plantes malmenées, on ne voit pas bien en quoi les perturber ainsi peut apporter à notre sérénité.

La manipulation des plantes, comme l’a souligné Spela Petric, ne soulève que peu de questions d’éthique. Il semble qu’il en soit de même pour les fourmis. Dans l’exposition Exo-evolution du ZKM une œuvre m’a, à cet égard, particulièrement frappée. De loin, l’on voit un cercle brun au sol, comme de la terre. Intrigué(e), on s’approche pour découvrir qu’il s’agit de fourmis, mortes. Une vidéo explique le phénomène. Les fourmis, et plus particulièrement les fourmis légionnaires, ont des comportements aberrants connus sous le nom de « spirale de la mort » ou « vortex de la fourmi ».

"Untitled (Superorganism)", Lise Autogena et Joshua Portway, 2014. Photo A. Bureaud

« Untitled (Superorganism) », Lise Autogena et Joshua Portway, 2014. Photo A. Bureaud

Les fourmis, qui retrouvent normalement leur chemin en suivant la trace des phéromones laissées par celles qui les précédent, parfois « croisent leurs traces » créant ainsi un cercle qui ne fait que se renforcer. Elles finissent par mourir d’épuisement. La vidéo montre l’action-performance qui a consisté à forcer les fourmis à se mettre ainsi dans ce comportement mortel par un renforcement de phéromones. Untitled (Superorganism), 2014 de Lise Autogena et Joshua Portway est une œuvre qui m’a particulièrement troublée. Je n’en ai vu, et n’en voit toujours pas, le fondement artistique, esthétique, ou politique. Mais je dois admettre qu’elle recèle une puissante capacité d’attraction et de fascination.

 

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